Téléphone : épopée du premier groupe de rock français
24/03/2020 14:34 par telephone
Oui, on peut le dire : Téléphone est le premier vrai grand groupe de l’Histoire du Rock français. Avant lui, il y avait eu, au début des années 60, des groupes comme les Chaussettes noires d’Eddy Mitchell ou les Chats sauvages de Dick Rivers. Ces pionniers du rock français ont permis de rendre cette musique populaire. Mais leur existence fût brève. Et leurs chansons étaient essentiellement des reprises de tubes américains (notamment de Gene Vincent, de Chuck Berry ou de Ray Charles, par exemple) adaptées en français. Dans les années 70, il y eut des groupes tels que Ange ou Magma qui produisaient un rock plus rock et moins rock’n’roll. Mais leur popularité restait restreinte à une partie de la jeunesse, leurs maisons de disque n’investissant pas sur leur promotion.
Téléphone est donc considéré comme le premier vrai groupe de rock français parce qu’il fût le premier à chanter en français mais avec un son anglais, tout en ayant sa propre originalité. Et le premier groupe à avoir une telle popularité et une telle longévité (10 ans). A ça, il faut ajouter qu’il fût le premier groupe à faire carrière à l’international, même si cette carrière internationale reste assez modeste.
En 10 ans d’activité Téléphone donne plus de 470 concerts et sort 5 albums studio. Plus de 6 millions de disques vendus. Il se place ainsi à la 2ème place des plus gros vendeurs d’albums dans la catégorie groupes de rock français, derrière Indochine.
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Téléphone se forme en 1976 autour de Jean-Louis Aubert (chant et guitare), Louis Bertignac (guitare et chant), Corine Marienneau (Basse et chant) et Richard Kolinka (batterie). Le groupe connaît très vite un vif succès, qui ne se démentira pas jusqu’à leur séparation en 1986.
En 1977, Téléphone fait sensation avec deux tubes : Hygiaphone et Métro, c’est trop , que l’on retrouve sur leur 1er album éponyme Téléphone. Le groupe entame alors sa première tournée qui les mènera jusqu’en Angleterre, où ils assurent des premières parties. Il deviennent le phénomène rock du moment, un phénomène rock sans précédent.
Puis en 1979 sort un 2ème album, Crache ton venin, enregistré aux studios Red Bus de Londres en à peine un mois. Cet album consacre leur succès. On y retrouve des titres comme La Bombe humaine, Crache ton venin, Faits divers, J’sais pas quoi faire. Les chansons sont essentiellement écrites par Jean-Louis Aubert et composées par le groupe. Ils y évoquent des thèmes comme la révolte, les conflits familiaux de la jeunesse, ou encore la crainte du nucléaire. La pochette de l’album, crée par Jean-Baptiste Mondino, est restée célèbre. Les 4 membres du groupe y apparaissent debout. Mais quand on enlève le calque supérieur sur lequel sont imprimés les vêtements, en dessous, il sont nus. L’album se vend à 450 000 exemplaires et devient ainsi disque de platine. Il est 2ème des ventes d’album en France.
Au printemps 1979, Téléphone part en tournée dans toute la France. Jean-Marie Périer filme le groupe pendant sa tournée et réalise un documentaire intitulé Téléphone public, diffusé au cinéma en Juin 1980. On peut y voir des extraits des concerts de Téléphone au Palais des Sports et à la Fête de l’Huma, entrecoupés d’interviews dans lesquelles ils évoquent leurs débuts et ce que leur succès fulgurant à changé dans leur vie. Certains de leurs proches témoignent. On y apprend que ce ne fût pas facile pour Corine Marienneau d’être la seule fille dans un groupe de rock avec trois garçons. Il lui a fallu avoir beaucoup de caractère pour faire sa place. Les gars ne s’y trompent pas, car c’est à elle qu’ils confient la caisse. On assiste aussi à quelques répétitions. Corine tient beaucoup au groupe. C’est l’aventure humaine qui l’intéresse le plus dans cette expérience. Elle avoue s’être mise à la basse pour pouvoir être dans le groupe : « Si le groupe s’arrête, j’arrête la basse », confie-t-elle.
Téléphone Public (Le Film)1980par milouzedue
Les morceaux interprétés au cours de ce documentaire sont :
Au cœur de la nuit est le 3ème album de Téléphone. Ils l’enregistrent entre le studio Pathé à Boulogne Billancourt et les studios Electric Lady de New York. Il est à nouveau produit par Martin Rushent. Il sort en Octobre 1980. L’album est à nouveau un grand succès, puisque dès le mois de décembre, il est disque d’or.
Un seul single en est extrait Argent trop cher, un des titres emblématiques de Téléphone, dans lequel ils dénoncent l’argent-roi.
A l’occasion de cet album, Téléphone part en tournée à travers toute la France mais aussi en Italie, en Allemagne et en Angleterre aux côtés d’Iggy Pop. Le 10 juin 1981, ils se produisent lors du concert célébrant l’élection à la Présidence de la République de François Mitterrand, premier président de gauche de la Vème République.
https://www.youtube.com/embed/AZcypfABSzw?list=PL42KTx9z1CVjS0gBBsf1MObJFnrkhyXlg
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En mars 1982, Téléphone enregistre son 4ème album Dure limite au Canada. Après trois albums sous le label Pathé-Marconi (EMI), Téléphone change de maison de disque et signe chez Virgin. Richard Branson veut faire d’eux un groupe international. Cette fois-ci, l’album est produit par Bob Ezrin, qui a travaillé avec Lou Reed, les Pink Floyd ou Peter Gabriel.
Mais les cessions d’enregistrement ne se passent pas bien. Des tensions apparaissent entre les membres du groupe, ainsi qu’avec Bob Ezrin.
Dure limite sort en Juin 1982 et c’est le plus gros succès du groupe. Il se vend à 700 000 exemplaires et se classe 1er au Top des ventes d’albums en France pendant 7 semaines. Il devient disque de Platine. On y retrouve deux titres phares de Téléphone : Ça (c’est vraiment toi) et Cendrillon, mais aussi Dure limite, Le Chat (écrite, composée et chantée par Corine Marienneau), ou Ex-Robin des bois. En 2010, Rolling Stone magazine classe Dure Limite 3e meilleur album de rock français.
Le 14 Juin, Téléphone réalise un rêve : ils font la première partie des Rolling Stones à l’hippodrome d’Auteuil. Malheureusement, des problèmes techniques gâchent un peu la fête.
En octobre 1982, il entament une tournée. Mais Bertignac se casse la clavicule et la tournée doit être décalée. Puis en 1983, ils font une tournée internationale qui les emmène en Allemagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Portugal, Grèce et Etats-Unis.
https://www.youtube.com/embed/YP-P6tBexhk?list=PL42KTx9z1CVjS0gBBsf1MObJFnrkhyXlg
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En 1984 sort Un autre monde, le dernier album de Téléphone. Les membres du groupe sont fatigués et l’ambiance entre eux n’est plus la même. L’album est enregistré en 4 semaines dans les studios de Glyn Johns, dans la campagne anglaise du Sussex, des studios où des grands noms du rock anglais ont enregistré, tels les Rolling Stones ou les Who. Pourtant, le groupe avait tout d’abord choisi de travailer avec Steve Lillywhite, le producteur de U2. Mais celui-ci, après quelques répétitions, a senti que le groupe allait se séparer et a finalement refusé de produire le disque.
L’album est plus mélancolique et moins rock, avec l’introduction de synthétiseurs. Il se classe à la deuxième place du classement des ventes d’albums en France. L’album est disque de platine et atteindra les 800 000 ventes. Le principal succès de l’album est Un autre monde, titre de l’album, classé 32 semaines au Top 50. Le clip de cette chanson est réalisé par Jean-Baptiste Mondino. On notera aussi la présence sur cet album du titre New York avec toi.
En mai 1984, Téléphone commence sa dernière tournée internationale: Japon, Belgique, Pays-Bas, Angleterre, Danemark et bien sûr la France, avec entre autre le Zénith de Paris 5 soirs de suite du 9 au 14 Octobre qui donnera ensuite un album live.
https://www.youtube.com/embed/xqnZPHo6qx4
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En 1986, le groupe se retrouve en studio pour débuter un nouvel album. Mais les tensions sont telles qu’ils n’arriveront à faire qu’un seul titre Le jour s’est levé. Ce single sort pour faire patienter les fans. Mais il sera en fait le dernier tube de Téléphone. Le titre se classera n°4 du Top 50, où il restera classé 22 semaines.
Depuis quelques temps déjà, les quatre acolytes s’éloignent peu à peu les uns des autres. Des rivalités de gros sous et d’ego sont nées: Aubert tire trop la couverture à lui. Ce dernier titre représente un changement artistique, la direction vers laquelle Aubert veut aller. Une musique mélancolique, une voix au piano. Ce n’est plus un groupe de rock. Ce n’est pas la direction artistique que veulent prendre Corine et Bertignac. De plus, chacun commence à avoir ses propres projets.
Leur manager annonce d’abord une année sabbatique. Puis le 21 avril 1986, Téléphone annonce sa séparation, dix ans après la formation du groupe.
L’album live du Zénith de Paris d’Octobre 1984 sort quelques mois plus tard.
On compte en tout 59 chansons officielles de Téléphone, sorties sur disque
https://www.youtube.com/embed/ogb2dJEVds8
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Dés 1985 chacun des membres de Téléphone commence à avoir des projets personnels. Jean-Louis Aubert a des envies de carrière solo. Corine Marienneau voudrait prendre une année sabbatique. Bertignac et elle participent à la bande originale du film Subway de Luc Besson. Puis Corine joue dans le film Moi vouloir toi avec Gérard Lanvin. L’ambiance tourne au vinaigre. C’est la fin. Le groupe se sépare. Chacun part vers son propre destin.
Après la période Téléphone, Jean-Louis Aubert crée le groupe Aubert’n’Ko avec Richard Kolinka. Puis en 1989, il démarre sa carrière solo. Il a actuellement 7 albums à son actif, sans compter l’album fait avec Kolinka. En sont tirés de nombreux tubes comme Juste une illusion, Voilà c’est fini, Temps à nouveau, Toi que l’on Homme pas, Alter ego et bien d’autres. Une carrière solo bien réussie donc.
En 1987, Louis Bertignac monte un groupe Louis Bertignac et les visiteurs dans lequel Corine Marienneau joue. Quand Corine quitte le groupe en en 1992, le groupe se sépare. Bertignac fait alors carrière seul. Il produit l’album de Corine Marienneau en 2002 et Corine viendra le soutenir sur scène ou dans la salle à de très nombreuses reprises tout au long de son parcours. On note aussi sa collaboration avec Carla Bruni. Puis il participe au jury de The Voice et The Voice Kids en France.
Après avoir joué dans le groupe de Louis Bertignac Les Visiteurs de 1987 à 1992, Corine Marienneau sort, en 2002, un album solo « Corine », de chansons co-signées Louis Bertignac. Mais l’album a peu de succès. Il faut dire que sa maison de disque ne la soutient pas beaucoup, préférant miser sur Jean-Louis Aubert. Elle participe à différents projets épisodiques dans la musique. En 2006, elle écrit un livre autobiographique Le Fil du temps où elle évoque bien sûr l’épopée de Téléphone. Un 2ème tome devait paraître, mais son éditeur coupe court. Elle joue dans plusieurs films Moi vouloir toi de Patrick Dewolf en 1985, puis Angèle et Tony d’Alex Delaporte en 2011, et Monsieur Papa de Kad Merad. Mais sa carrière d’actrice ne décolle pas. Pas facile de se faire une place quand on est une femme, face à des Aubert et des Bertignac à l’ego un peu surdimensionné. A plusieurs reprises, Corine s’investit énormément dans l’élaboration des compilations qui sortent pour les anniversaires du groupe Téléphone afin de proposer des versions de qualité ou des inédits.
Richard Kolinka poursuit sa carrière de batteur aux côtés de Jean-Louis Aubert, puis de Raphaël et de Cali. Il fait également partie du groupe Le Cercle.
Par la suite, les membres du groupe se retrouvent parfois pour un concert, comme au Bataclan en 1995 lors d’un concert de Bertignac. Mais les tensions entre Corine Marienneau et Jean-Louis Aubert sont très fortes. Les 3 garçons se produisent sur scène à plusieurs reprises. Des rumeurs de reformation circulent. Des dates sont annoncées, puis démenties. Aubert et Bertignac en parlent publiquement. Ils ont la volonté de le faire. En 2008, Jean-Louis Aubert serait prêt à donner son accord « mais je veux que ça se fasse dans le plaisir », souligne-t-il. Ce qui l’intéresserait, ce serait de faire des nouvelles chansons. En Juillet 2010, Louis Bertignac déclare à Nice-Matin « On en a parlé avec Jean-Louis et on se disait qu’on serait vraiment cons de mourir sans le faire. Une tournée est envisagée d’ici à 2013. Le temps de la mettre au point. » Avec les impératifs des emplois du temps de chacun, ça ne se fera pas en 2013. Ça finira par se faire, fin 2015, mais sans Corine Marienneau. Mais Téléphone sans Corine, c’est pas Téléphone.
Le vendredi 11 septembre 2015, un concert surprise est donné au Point Éphémère sous le nom Les Insus ? (pour « insupportables ») par Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka. Mais sans Corine Marienneau, l’ex-bassiste de Téléphone. Les garçons ne l’ont pas conviée. On pense souvent que c’est elle qui freinait la re-formation de Téléphone. Mais c’est faux. Elle ne demandait que ça. Voir son interview dans On n’est pas couchés.
Après ce concert (quasi) surprise des ex-Téléphone, un autre concert est donné à Lille le 15 Septembre, puis à Lyon le 6 Octobre. Evidemment, le public est là. Evidemment la mayonnaise prend. Alors, ils annoncent une tournée dans toute la France pour l’année 2016. Et enfin, il battent le Dernier Appel pour une tournée des stades et des festivals à l’été 2017, avec un final au Stade de France le 15 Septembre 2017.
Affiche des Insus? au Stade de France
A l’occasion des 30 ans du groupe, en 2016, Warner a sorti un coffret intégrale des disques de Téléphone, remasterisés. Différentes versions de cette réédition sont proposées : Best Of en 2 ou 3 CD, albums remasterisés, coffrets intégrales en vinyls et CD. Un gros travail de remasterisation a été effectué par Corine Marienneau et le musicien/réalisateur Alex Gopher. Ces coffrets contiennent beaucoup d’inédits, issus de sessions de travail, démos, instrumentaux. Un régal pour les fans, ou devrais-je dire, pour les Téléfans.
![]() Coffret Au cœur de Téléphone – Best of (3 CD) |
Coffret Au coeur de Téléphone – intégrale (11 albums Vinyles) |
Au coeur de Téléphone – Coffret intégrale (10 CD) |
Irradié est le titre d'un album de Jacques Higelin sorti en janvier 1976 : "Higelin et Super Goujats"
Ils ont marqué bien plus qu'une génération. Depuis 40 ans, Téléphone incarne presque à lui seul le rock français. C'est l'histoire de quatre potes. L'histoire d'une alchimie aussi dont le rock a parfois le secret, entre une fille bassiste, un guitariste surdoué, un batteur un peu fou et un chanteur aux faux airs de Mick Jagger.
Pourtant, tout commence d'un coup du sort. Novembre 1976, Aubert et Kolinka, le batteur, ont déjà un groupe : Semolina. Mais à la veille d'un premier concert à Paris, leur guitariste s'en va. Pour le remplacer, Aubert appelle un copain de lycée, devenu guitariste de Jacques Higelin. Il s'appelle Louis Bertignac. Et malgré les réticences du chanteur, il impose sa petite-amie Corine, à la basse. Téléphone vient de naître. La jeunesse des années Giscard se reconnaît immédiatement dans ce groupe. Enfin du rock, du vrai, et en français.
Je Brûle
Plus vraiment inédit puisque l'une des versions, chantée par Corine, est sortie dans le coffret des 20 ans en 1996. Néanmoins, depuis la mise en ligne du site officiel de Téléphone par Virgin, on découvre un "Je Brûle - deuxième version", avec des paroles différentes.
Les paroles sont créditées Corine Marienneau.
Il semblerait que cette version était à l'origine prévue pour être aussi dans le coffret, mais que finalement elle ne soit pas sortie...
rejoindre le site officiel Telephone (partie discographie - compil - 1996 - coffret)
Je brûle
Je brûle D'envie,de ranimer nos flammes
Je brûle, d'être avec toi àme dans l'àme
Je brûle, je suis presque desséchée
Je brûle, de me réveiller passionnée
Je n'ai plus peur de rester seule
Fidèle à ma vie
Je n'ai plus peur de rester seule
Et je veux aimer
Je brûle, et tu me regarde flamber
Je brûle, t'es obligé de reculer
Je brûle de rage
Quand tu te sers de moi pour briller
Je brûle, viens plutôt te réchauffer
Toi qui a peur de rester seule
Mmm, aime!
Je brûle le vide de tes yeux
Je brûle d'y voir l'étincelle qui m'emeut
Fais vite, car son avoir raison ni tort
Un jour, j'irai plonger dans la mort
T'as peur de rester seule
Soit fidéle à ta vie
On a tous peur de rester seul
On a tous peur de rester seul
Ah, na na na
Il faut aimer
Il faut aimer
Brûle avec moi
Je brûle, tu brûles
Chaud, chaud, chaud......
Semolina est le premier groupe de Richard Kolinka fondé en 1967 avec Daniel Roux et Frédéric Tchékhovitch avant que ce dernier ne soit remplacé par Jean-Louis Aubert en 1975. Richard très investi dans cette formation remue ciel et terre pour essayer d'enregistrer un album, il croise la route du chanteur Antoine qui les soutiendra et essaiera de les faire signer chez VOGUE. Après des années de galère ils enregistrent un disque chez ATLANTA en 1976, chanté par Daniel Roux et Jean-Louis Aubert.
Après cette unique expérience le groupe se sépare car Daniel Roux décide de partir. Une première collaboration entre Richard et Jean-Louis dans une cave pour une sorte d'opéra rock composé par leurs soins. Un concert au centre américain est prévu, Jean-Louis propose à Louis Bertignac de les rejoindre et lui appelle Corinne. Ils répètent quelques jours avec des reprises de répertoire anglo-saxon et quelques chansons composées comme "Métro c'est trop". C'est un triomphe devant 600 personnes et débute alors l'histoire du groupe téléphone.
Semolina, mon premier groupe avec mon ami, mon frère Daniel qui m'a fait découvrir la musique -
Richard Kolinka
SEMOLINA - ET J'Y VAIS DÉJÀ (1976)
Semolina - Plastic rocker (1976)
Le quatuor reconstitué aux trois quarts il y a deux ans a réuni près d’un million de spectateurs et publie un triple album live.
L’événement devait étrenner leur grand retour, il en sera finalement la quasi conclusion. Sept ans après avoir fait miroiter une reformation fracassante (puis fracassée) de Téléphone pour des concerts au Stade de France, prévus alors en 2012, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, Richard Kolinka, mais sans leur bassiste originelle Corine Marienneau, remplacée par Aleks Angelov, donnaient finalement, le 15 septembre, le premier de leurs deux concerts, dans l’enceinte dionysienne, sous le nom des Insus.
Presque deux ans jour pour jour, après un concert surprise, le 11 septembre 2015, devant 300 personnes dans le petit club parisien du Point Ephémère, qui laissait entrevoir le come-back, trente ans après sa séparation, du groupe le plus populaire de l’histoire du rock français, ce sont plus de 80 dates qui ont défilé – devant près d’un million de spectateurs – dans les plus grandes salles et les plus gros festivals de France, avant deux derniers (r)appels prévus les 6 et 7 octobre au Stade de l’Est, à Saint-Denis de la Réunion.
Quelques galops d’échauffement – comme au Splendid, à Lille, le 15 septembre 2015, devant 700 personnes – avaient vite démontré le formidable plaisir de rejouer ensemble pris par le trio (privé du nom de Téléphone à cause d’une fâcherie avec Marienneau) et le pouvoir fédérateur de leurs chansons auprès de fans replongeant dans l’adolescence. Une énergie, un charme nostalgique qui auraient pu ne pas suffire au moment d’investir de plus grandes arènes…
A Saint-Denis, un écran de fond de scène a pris la mesure de l’immense plateau du Stade de France. Après les derniers accords de Gimme Shelter des Rolling Stones (éternelles idoles) diffusés par la sono, un film semble nous faire entrer dans un entrepôt. Sur une plaque métallique, une lance thermique dessine le point d’interrogation rouge devenu le logo du groupe. Une façon sans doute de simuler une devinette pour suggérer qui se cache derrière le patronyme un peu ringard des « Insus ». Qui ? Téléphone, bien sûr, qui entre en scène, illuminé par des lance-flammes, en même temps que de très hard-rock serpents de synthèse glissent sur l’écran pour lancer Crache ton venin.
Le morceau, comme les titres qui suivent – Hygiaphone, Dans ton lit, Fait divers – font un peu douter de la capacité du groupe à s’adapter au gigantisme du lieu. La convivialité nostalgique du répertoire manque d’abord d’envergure. Et le classicisme de ses influences (Chuck Berry, Rolling Stones), déjà pas d’une franche modernité à la fin des années 1970, alors qu’apparaissaient le punk et la new wave, sonne comme gentiment désuet.
Le propos se muscle heureusement avec Argent trop cher, hymne toujours actuel sur les méfaits du matérialisme et de la finance. Plongés dans un bain de jouvence électrique, les corps affutés et la joie juvénile d’Aubert, Bertignac et du toujours virevoltant Kolinka ne trahissent pas leurs 62, 63 et 64 ans respectifs.
L’actualité a rattrapé « La bombe humaine », qui se transforme en une troublante évocation des attentats-suicides
L’actualité a aussi rattrapé La bombe humaine. Cette ballade déchirée qui contait le mal de vivre d’une génération se transforme en une troublante évocation des attentats-suicides. Aubert en est conscient qui introduit le morceau en parlant des « enfants du Bataclan » et de « tous les assassins qui s’inventent une philosophie », avant de chanter en chœur avec 80 000 personnes.
Après un 66 heures old-school, qu’il dédie au bon rétablissement de Johnny Hallyday, Louis Bertignac se lance dans Cendrillon, sous un nuage de paillettes projetées dans le ciel parisien. Quand leurs héros (Stones, Lou Reed) évoquaient la dépendance aux drogues dans des hymnes à l’hédonisme sombre, Téléphone pouvait traiter le sujet via la mélodie tendre d’une « jolie petite histoire ». De la même façon, tension urbaine et troubles existentiels passaient habilement par le prisme d’un lexique lycéen dans Flipper ou le frénétique Métro c’est trop, dont les riffs sont spectaculairement mis en scène au Stade de France.
Avant le concert, une annonce sur l’écran géant proposait aux spectateurs de « participer à une animation lumineuse pendant le concert avec [leur] téléphone ». En choisissant son nom, il y a 40 ans, le quatuor ne se doutait sans doute pas que cet objet deviendrait le centre nerveux de la vie quotidienne de chacun, pouvant même servir (via une application) à assurer un lightshow. Censé se déclencher au moment de la berceuse Le jour s’est levé, l’application en question colorait de bleu les smartphones pour un résultat moins impressionnant qu’escompté.
Plus qu’aux nouvelles technologies, les Insus se fient finalement à l’efficacité éprouvée du son ample de Dure limite et de la félicité communicative de New York avec toi, avant une version accélérée d’Un autre monde aux résonances nouvellement écologiques. Un premier rappel tentait de donner un groove « princier » à Electric cité, puis d’inclure le Whole Lotta Love de Led Zeppelin au cœur d’un Ça (c’est vraiment toi) aux allures de duel instrumental entre les deux guitaristes, heureux comme des gamins.
Dans un Stade de France entièrement éclairé pour que les musiciens profitent au mieux de la foule, Les Insus en terminent avec l’adieu bluesy de Tu vas me manquer, sans qu’on sache si les ex-Téléphone raccrocheront vraiment après cela. De cette tournée restera en tout cas le témoignage d’un triple album en concert, L?ve, enregistré à l’AccorHotels Arena et dans la petite salle parisienne du Trabendo, et un épais livre de photos, L’insu des Insus de Barbara D’Alessandri (Sonatine Editions, à paraître en novembre), réalisées dans les coulisses de ces retrouvailles.
40ans après la création de Téléphone, Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka sont enfin de nouveau réunis dans le groupe: Les Insus ? - Portable
Leur 1er Concert à eu lieu vendredi 11 septembre au Point Éphémère à Paris, avec Aleksander Angelov à la basse.
Mon montage, fait à partir des vidéos partagée par les fans présent ce soir là, tente de reconstitué au mieux ce Grand moment.
Un grand merci à:
- Crache ton venin: Guino Patrice/ Pierre B/ Jc Lander
- Faits divers: Gael Saliou / Pierre B
- Argent trop cher: Jc Lander / Pierre B
- La bombe humaine: gconcertcesoir.com / Jc Lander
- Au coeur de la nuit: Zerockerparis / Gael Saliou / Jc Lander / Nico Bravin
- 2000 nuits: Pierre B / Nico Bravin
- Cendrillon: Dailyplanet / Gael Saliou
- Le silence: Mariepierrpa / Gael Saliou
- Flipper: Pierre B
- Fleur de ma ville: Pierre B / Gael Saliou
- New York avec toi: Myriam Guichard / Dailyplanet / Jc Lander
- Un autre monde: Les Locataires / Myriam Guichard / Gael Saliou / Jc Lander
- Tu vas me manquer: Pierre B
- Le vaudou (est toujours debout): Jc Lander / Nico Bravin
Absent de la video car pas encore partagée à ce jour.
* "Dans ton lit"
* "J'sais pas quoi faire"
* "Prends ce que tu veux"
Durée du concert le soir même : 1h35. De 21h10 à 22h45.
Près de 30 ans après sa séparation, le groupe Téléphone reste l'un des plus marquants du rock français. Leurs tubes Ça c'est vraiment toi, Un autre monde ou Cendrillon restent dans toutes les têtes. La bande de Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac, Richard Kolinka et Corine Marienneau, en activité de 1976 a 1986, a laissé 5 albums studio qui vont être réédités par la maison de disques Warner. Le 20 novembre, tous les morceaux du groupe ont été dévoilés en version remastérisée, sous plusieurs formes, dans le cadre de la campagne Au Cœur de Téléphone.
Téléphone (1977), Crache ton venin (1979), Au cœur de la nuit (1980), Dure Limite (1982) et Un autre monde (1984), les 5 albums du groupe, seront disponibles individuellement en qualité supérieure. Un best-of de 3 disques complétera les chansons les plus marquantes du groupe par plusieurs raretés dont 2 titres inédits, Ma Guitare (est une Femme) et La même chose. Toutes les chansons remastérisées seront présentes sur une intégrale disponible en version CD et Vinyle.
Ces coffrets à la pochette personnalisable contiendront les 5 albums studios et les 2 disques live officiels de Téléphone. Plusieurs raretés et inédits font aussi partie du lot, pour un total de 10 CD ou de 11 vinyles. Au total, ce sont "16 documents historiques jamais entendus" qui sont annoncés par la maison de disques. L'édition vinyle sera d'ailleurs agrémentée de deux 45 Tours, le simple de 3 titres de 1978 avec Hygiaphone, Anna et Flipper et le double de 1981 Téléphone en concert.
On ne doit pas dire Téléphone mais les Insus
C’est le nom qu’ont choisi Jean-Louis Aubert, Louis Bertignac et Richard Kolinka (sans Corine Marienneau) pour réapparaître ensemble sur scène, avec le répertoire de Téléphone. Le trio, accompagné d’un bassiste, a déjà donné, comme en guise de rodage, trois concerts dans de petites salles, à Paris, Lille et Lyon.
Une tournée de Zénith et grandes salles est programmée pour le printemps 2016. Elle devrait être annoncée dans les prochains jours. Et se prolonger l’été. Où et combien de concerts ? On va bientôt le savoir… Mais on peut penser que les Insus seront la priorité, cet été, des gros festivals.
52 minutes de live - LES INSUS - Lille